Fil d’actu du 14 mai 2022
1. Rififi autour de la délégation aux kinésithérapeutes
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 avait renforcé les délégations pour les auxiliaires de santé, et entre autres, pour les masseurs-kinésithérapeutes exerçant en MSP ou centres de santé (revoir le Fil d’actu du 29/12/2021). Le Conseil Constitutionnel a validé cette loi. Une expérimentation d’accès direct devait être lancée dans 6 départements. Mais c’était sans compter avec les capacités de nuisance de quelques représentants de médecins qui ont poussé des cris d’orfraies craignant, disent-ils, des retards au diagnostic. C’est bien peu faire confiance à nos collègues kinésithérapeutes. L’IGAS, inspection générale des affaires sociales s’est saisie de cette affaire à la demande du Ministère. Elle a publié un rapport de 144 pages dont 18 recommandations. Mazette ! Après la démonstration du retard de la France sur ce sujet, l’IGAS propose plusieurs conditions à l’opération : formation des kinés, information des patients, échange d’information entre kiné et médecin traitant, évaluation du dispositif. Il semble aussi que l’HAS et l’Académie de médecine qui devaient répondre dans les 3 mois ne l’aient pas fait. L’IGAS constate, par ailleurs, dans son rapport que les deux protocoles nationaux de coopération autorisant l’accès direct au masseur-kinésithérapeute (douleur lombaire aiguë inférieure à 4 semaines et traumatisme en torsion de la cheville) ne connaissent pas d’équipe intéressée du fait de la complexité du dispositif. Guère étonnant… Les équipes en MSP ont besoin de pratiquer des délégations au sein de leurs équipes qui se connaissent et savent travailler ensemble. Mais le mille feuilles français de notre système a des difficultés pour mettre en place des expérimentations simples (à part l’article 51). Au lieu de nous fixer des résultats, ce système veut mettre son grain dans chaque rouage de nos modèles d’organisation de soins primaires. Aurons-nous un Ministre capable d’entendre les pionniers plutôt que les résistants pour accélérer ce bazar ?
2. Des médecins généralistes plus malins en MSP ?
La DREES, Direction de la Recherche, des Etudes de l’Evaluation et des Statistiques, dépend du Ministère des Solidarités et de la Santé. Déjà citée la semaine dernière pour son son baromètre d’opinion des Français sur leur système de santé, elle publie cette semaine une étude sur les conditions de travail des médecins généralistes exerçant en groupe. La DREES conclut après enquête que les médecins en groupe pluriprofessionnel travaillent moins que les médecins isolés, prennent plus de congés et enfin, déclarent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Ces derniers ne seront pas étonnés des résultats, puisqu’ils ont conscience de ces faits en discutant avec des confrères exerçant autrement.
Bien cordialement.