Fil d’actu du 24 septembre 2022

1.     Il va falloir se bouger pour dire et demander

Le conseil national de la refondation CNR sera mis en place début octobre sur le thème de la santé. Selon les informations diffusées par le ministre, les réflexions vont partir du terrain. A vous, acteurs des équipes de soins de proximité des MSP, de vous manifester auprès de vos Préfets pour signaler votre désir de participer à cette grand-messe. Plus nous serons nombreux à expliquer et mettre en valeur notre manière de travailler en équipe pluriprofessionnelle, et plus nous avons des chances d’être entendus. A nous de montrer la qualité de notre travail, le nombre plus important de patients inscrits dans les MSP. A nous de demander des moyens à la hauteur de nos tâches pour accepter plus de patients en persévérant sur la démarche qualité. Surtout, un forfait ACI plus conséquent. Comme le dit Marguerite CAZENEUVE de la CNAMTS : « Le forfait est plus adapté pour rémunérer la qualité, prendre en compte le temps passé à la coordination, intégrer les enjeux populationnels ». Il nous permet d’organiser dans nos MSP la réponse à la demande de soins comme nous l’entendons selon les spécificités de notre territoire et de notre équipe. Il semble que les forfaits représentent en moyenne 15% des rémunérations des médecins généralistes. Le rapport de JM AUBERT proposait que cela monte à 50%. Avec des indicateurs simples…

 

2.     Vive la prévention… quoique…

Vous aurez suivi les annonces du ministre qui désire offrir généreusement des consultations de prévention aux 25, 45 et 65 ans. Bravo. Mais, il y a tout de même un problème… Cette population représente environ 2 300 000 citoyens. Et hop ! 2 millions de consultations supplémentaires. Ce qui devrait faire environ 40 consultations de plus par an par médecin. Comme ces consultations devraient être plus longues, considérons que cela ferait 3 jours de consultations par an « en plus ». Quelle solutions ? Réduction du temps de vacances des médecins ? Travail de nuit ? Refus des patients malades ? Retour au travail des retraités ? Comme quoi les bonnes idées devraient d’abord passer à la moulinette de la réalité.

 

3.     Une analyse des financements innovants en santé

Un rapport publié par Proxicare fournit des résultats de son Observatoire des financements innovants en santé. Voici qui pourrait intéresser des équipes en MSP, particulièrement celles engagées dans l’art. 51. Ce rapport analyse les 114 projets innovants lancés avec le soutien des pouvoirs publics. Cela concerne 1 million de patients. Le rapport montre bien l’hétérogénéité des projets. Il est certain qu’à la fin, il y aura des heureux bénéficiant de la généralisation de leur aventure, quand d’autres seront déçus de voir s’arrêter leur projet. Des conclusions de ce rapport, nous pouvons retenir ce passage : « il sera certainement nécessaire de refondre les process administratifs et simplifier la production et l’utilisation des indicateurs médicoéconomiques. Cela peut représenter dans certains cas une vraie révolution copernicienne ». Qu’en terme châtiés ces choses sont dites. Cette évolution, si elle se poursuit, serait effectivement une révolution. Les équipes en MSP qui ont expérimenté seront alors bien utiles pour accompagner au changement les suiveurs.

 

4.     Au Québec

Les plus anciens se rappelleront que le Québec était une sorte de système idéal il y a quelques dizaines d’années. Les groupements de médecin de famille étaient la porte d’entrée du système de soins, faisant rêver les généralistes français. De l’eau a coulé sous les ponts. L’accès aux soins au Québec est devenu encore plus problématique que chez nous, 10% de la population étant sans médecin traitant. Ce qui fait dire à Roxane BORGES DA SILVA, directrice de l’École de santé publique de l’Université de Montréal au Monde :  » Il y a une révolution culturelle à mener afin que les médecins renouent avec leur vocation initiale, celle d’être au service de la population », et « mais nous devons aussi changer de paradigme. Nul besoin de passer par un médecin pour la ‘bobologie’, il faut revoir toute l’organisation de cette première ligne en permettant aux infirmières d’assurer le premier diagnostic et d’orienter vers le professionnel adéquat. ». Il faut préciser qu’il existe comme chez nous une diminution du temps de travail malgré des revenus élevés.

 

5.     Une bonne nouvelle pour finir

Le COR, conseil d’orientation des retraites, a publié son rapport 2022. La bonne nouvelle est que : « L’espérance de vie sans limitations d’activités sévères ou modérées est orientée à la hausse pour les femmes et pour les hommes (respectivement +2 ans et 1 mois et +1 an et 11 mois de 2008 à 2020) ». C’est bon à prendre. Et si cela donnait envie aux professionnels de santé de travailler plus longtemps ?

 

Bien cordialement.